UNE FAMILLE DE LUMIERE


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LA CHEMINEE DES ANGES

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LA CHEMINEE DES ANGES Empty LA CHEMINEE DES ANGES

Message  MichèleM Sam 07 Fév 2009, 12:01 pm

La cheminée des anges


Pitou était un petit garçon turbulent et maladroit. Il avait un très bon cœur, mais ilfaisait plein de bêtises. Ses parents étaient désespérés. Qu'allaient-ils faire de ce fils qui préférait se construire des radeaux qu'aller à l'école, qui renversait les boilles à lait fraîchement trait, qui aimait tant le feu qu'il provoquait des incendies, qui faisait des taches sur ses vêtements pour narguer l'ordre et la discipline, qui renversait la confiture, faisait déborder son bain ou courait après des lièvres jusqu'à se perdre ?

Pitou voulait tout savoir, tout connaître, tout découvrir. Son caractère sauvageon lui avait fait une mauvaise réputation et personne ne voulait
être son ami. Alors il allait se promener seul en forêt où il conversait avec les oiseaux, les plantes et la mousse au bord des rivières, ses seuls compagnons sur la terre. Les adultes lui avaient dit que les fées, les anges et Dieu, ça n'existait pas mais que les monstres eux, étaient bel et bien réels et qu'ils s'en prenaient aux enfants méchants. Alors quand ça lui arrivait de s'endormir sur un tapis d'herbe tendre, il rêvait qu'un ogre venait le chercher pour le dévorer ! Pitou se réveillait alors en sursaut, effrayé et courait, courait jusqu'à en perdre haleine. Il se demandait tout le temps pourquoi le monde serait rempli de monstres alors qu'il n'entendait que le chant des oiseaux, adorait les couleurs des fleurs, la douce chaleur du soleil et la musique des ruisseaux. Plus les adultes lui décrivaient un monde affreux et plein de dangers, plus il doutait de lui et faisait des bêtises. Il ne comprenait plus rien à rien. Il ne voyait pas les
menaces et les monstres qu'on lui brandissait devant le nez mais plutôt de la beauté dans toute chose, de la féerie dans la vie. Lui, il était sûr que les anges existaient par exemple mais il ne savait pas comment les contacter. Puis, las de ces rabats-joie d'adultes, il se mit en tête l'idée d'apprendre à communiquer avec les anges. Il décida alors qu'il y arriverait par n'importe quel moyen. Mais pour cela, il fallait éviter d'être encore puni sinon, il serait tout le temps interrompu dans sa recherche secrète.

En route pour la maison et très excité par son nouveau plan, il croisa un cavalier qui portait une cape rouge et la capuche lui cachait le visage.

L'homme lui demanda :"Que fais-tu seul ici dans ce bois sombre et désert ?"

- Je cherche un ange, lui a répondu Pitou, très enthousiaste.

Alors, juste avant de repartir au grand galop, le cavalier lui répond avec
beaucoup de douceur: "Tu n'as qu'à construire une cheminée par laquelle
il rentrera !" Pitou restait interloqué. Construire une cheminée ? Mais
où ? Comment ? Pourquoi ?

Pendant une semaine, il n'arrivait plus rien à manger. Il ne faisait même plus de bêtises ce qui inquiéta ses parents ! Le petit garçon ne faisait que réfléchir et réfléchir encore. Comment arriverait-il lui, du haut de ses dix ans, à construire une cheminée ?

Tout à coup, il eut une idée… Après plusieurs jours de silence, il alla enfin trouver ses parents et leur dit :"Me donnerez-vous une brique en échange d'une bonne action ?" Trop contents, les parents acceptèrent l'étrange marché de Pitou, sans même poser une seule question.

Le lendemain matin, il changea complètement d'attitude. Il alla lui-même traire les vaches de son père, il aida sa mère à repriser leurs vêtements usés, chercha de l'eau au puits, prépara de beaux bricelets selon la recette de sa grand-mère, alluma le feu qu'il maîtrisa, rentra de l'école à l'heure, fit ses
devoirs sans rechigner et souffla sur la flamme de sa lampe à pétrole à
8 heures précises. Le lendemain, il y avait une dizaine de petites briques déposées devant sa porte. Il attendit son jour de congé pour se sauver dans un coin secret de la forêt avec sa cargaison de briques sur sa bicyclette.

Il allait enfin pouvoir construire sa cheminée des anges.

Il avait lu dans un livre comment faire du ciment, avec du calcaire et de
l'argile mais avait trouvé plus simple de se servir d'une petite quantité de ce matériau sur un chantier abandonné, juste à côté de la maison de ses parents. Au milieu d'une clairière pleine de fougères millénaires, il trouva un très joli petit promontoire constitué d'une pierre plate ressemblant à un objet de culte laissé par les Anciens. C'est là qu'il construirait sa porte vers le ciel. Patiemment, une à une, il posa les dix briques les unes sur les autres qu'il colla avec le ciment. Certes, ce foyer était minuscule mais c'était une cheminée.
Et il attendit, une heure, deux heures, trois heures… En vain.

Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'au-dessus de lui, les anges avaient été
attirés par ses gesticulations. L'un d'entre eux, trop content qu'un terrien s'intéresse à eux, essaya de rentrer dans sa cheminée mais il resta presque coincé ! Il dû faire appel à ses compagnons pour le sortir de là ! Ouf ! - Mais quel dommage qu'elle soit si petite, s'était dit l'ange !

Il commençait à faire nuit et Pitou devait rentrer à la maison s'il ne voulait pas inquiéter ses parents. L'ange n'était pas venu. Il était très déçu. Qu'avait-il fait de faux ? Sur son chemin de retour, il croisa curieusement ce même cavalier qui lui avait donné l'idée de construire une cheminée. "Vous m'avez menti
Monsieur, aucun ange n'est entré par ma cheminée" lui marmonna Pitou
dépité et en traînant les pieds. Sans même se retourner et en pleine foulée, le cavalier lui lança dans un grand éclat de rire : "agrandis ta cheminée petit et grandis!"

Il fallait donc gagner de nouvelles briques. Pitou demanda à ses parents s'ils étaient toujours d'accords de continuer leur marché "bonnes actions contre briques". Ceux-ci ne purent que s'en réjouir. Et puisque leur fils devenait un
enfant modèle, ils renoncèrent encore à lui poser des questions.

Alors, pendant un an, Pitou fit tous les jours une bonne action. Mais cette
fois, il ne rendit pas seulement service à sa famille mais aussi à ses
amis, à ses voisins et à tous les gens du village. Il portait le sac à commissions d'une vieille dame, surveillait le vélo d'un voisin occupé à la poste, arrosait les fleurs de Madame Cantine qui avait mal au dos, donnait son goûter aux enfants les plus pauvres, et bien d'autres choses encore. Tout le monde lui donnait une brique en remerciement de ses services rendus.

En étant si bon avec eux, Pitou leur faisait voir le monde autrement. Les mots"menaces", "peur", "dangers" commençaient à sortir de leur vocabulaire et une sorte de joie contagieuse se faufilait d'une personne à l'autre. Ils n'arrivaient pas à croire que ce petit garçon autrefois si dissipé était devenu aussi sage qu'une image.

Et tout le monde se demandait ce que Pitou pouvait bien avoir derrière la tête.

Pendant ce temps, tous les mercredis, ses jours de congé, il agrandissait sa
cheminée qui devenait de plus en plus belle, large, généreuse et haute
! Elle touchait presque les nuages. Il commençait à être très fatigué
et décida un jour que ça devait suffire. Il arrêta les travaux et inaugura enfin son oeuvre un soir de pleine lune. De toutes ses forces, les dernières qui lui restaient, il appela les anges. Et Pitou attendit. Il ne vit toujours pas que là-haut, au-dessus de sa tête, les anges se bousculaient pour entrer dans sa splendide cheminée et se réjouissaient de pouvoir bientôt communiquer avec leur nouvel ami et leur futur protégé. Mais ils restaient encore souvent coincés et pas un seul ne réussi à passer dans le conduit sans s'arracher une ou deux
plumes. Ils repartirent très déçus mais c'est Pitou qui en fut le plus affligé.

Cette fois, il était complètement découragé. Il avait attendu des heures pour rien, il avait travaillé un an pour rien, il avait cru aux anges pour rien. Alors il se mit à pleurer doucement. Au même moment, tous les anges au-dessus de lui commencèrent à s'effacer et ses larmes les éloignaient plus encore de la cheminée. Il retourna silencieusement chez lui. Tout à coup, et pour la troisième fois, le cavalier rouge surgit de nulle part et lui cria :"Ta cheminée est parfaite mon petit mais qui t'as dit de la construire avec des briques
?" Abruti par le chagrin, Pitou l'entendit à peine, choota un caillou avec le pied et rentra chez lui.

Toute la nuit, cette phrase lui revint à l'esprit : "Qui t'a dit de construire ta cheminée avec des briques ?" Il ne ferma pas l'oeil, se retourna sans arrêt dans son lit et regarda cent fois par la fenêtre en attendant la lumière du jour. Au premier rayon du soleil, il réalisa que c'était le jour de son anniversaire. Mais surtout, il comprit enfin le sens caché dans le message du cavalier.

Et tout à coup, quelque chose d'étrange se passa en lui. Il en avait la chair de poule et des frissons de joie lui parcouraient le corps. Cette fois, il ferait un marché avec lui-même ! Ça tombait bien, c'était congé aujourd'hui et il pourrait retourner à la forêt. Après le petit-déjeuner, il fila dans la nature. Ses parents l'avaient trouvé étrange mais particulièrement calme et serein pour un enfant de cet âge.

Pitou arriva devant sa belle cheminée. Il prit la brique la plus haute et la décolla en disant : "Je reprends cette brique pour y mettre à la place de l'espoir". Il n'y avait plus de brique mais un merveilleux petit carré de lumière dorée à la place. Il empoigna la seconde pierre et dit :"Je reprends cette brique pour y mettre à la place la confiance." Et là encore, l'absence de pierre
laissa apparaître un beau rectangle de lumière blanche. À la troisième
brique, Pitou dit : "Je reprends cette troisième brique pour la
remplacer par du courage." Et commençait alors à se dessiner timidement
un écran de lumière et de paillettes dorées, au fur et à mesure qu'il
démontait sa cheminée. À la place de chaque briquette, il y mit du
respect, de la tolérance, de la justice, de l'humanité, de la bonté, de
la liberté, du rêve, de la dignité, de la solidarité, de l'espérance,
de la noblesse, de l'honnêteté, du bonheur, de la joie, de l'humour, de
la fraternité, de la connaissance, du sourire, du pardon, du partage,
de la compassion, de la tolérance et de l'humilité. Il avait compris
qu'il fallait grandir de l'intérieur et construire non pas avec des
briques mais avec des valeurs.

Ainsi, il se retrouva avec une pile de briques entassées d'un côté et une formidable cheminée de lumière de l'autre. Quelque chose de magique allait se produire maintenant, il le savait et il se préparait à la fête. Son cœur battait la chamade. Or, il restait encore une dernière brique à enlever. Et curieusement,
celle-ci était tombée au milieu du conduit. En toute confiance, il pénétra dans le faisceau de lumière pour s'emparer de l'objet. Il le saisit et dit : "Je prends cette dernière brique pour y mettre à la place de l'amour." C'est alors qu'un florilège d'anges se glissa aisément dans la cheminée et la nature entière célébra les retrouvailles d'un enfant au cœur pur avec ses gardiens célestes.

Quand Pitou revint au village, personne ne le reconnut. Il marchait avec
allégresse, nimbé d'une lumière dorée. Certains disent qu'il avait
l'air d'un ange. Il était suivi par une myriade de papillons, d'oiseaux
et d'animaux. Tout le monde se demandait où avaient passé sa montagne
de briques. Le petit garçon devint un jeune homme et l'être le plus
aimé et respecté de sa contrée. Quand il grandit, sa sagesse s'étendit
au-delà des frontières. On le voyait souvent sourire et se parler à
lui-même. Puis il partageait sa bonté et sa philosophie de vie avec qui
était dans le besoin.

Ne parlait-il vraiment à personne ? Certainement pas…

Trouvé sur le net
MichèleM
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